Mon fils me réveille en criant tous les matins
par Cyrielle d'Horizons famille · Publié · Mis à jour
Mon fils de 8 ans se lève à 6h chaque matin (sans exception), donc avant tout le monde puisque le reste de la maison se lève vers 7h.
Ce n’est évidemment pas le cas de tous les enfants avec TDAH, mais on sait qu’ils ont souvent un sommeil difficile.
À 6h, il descend les escaliers, se rend dans le salon et commence son petit déjeuner. Puis il écoute une histoire audio ou bien il joue.
Il aime ce moment de solitude. Il y tient beaucoup, ça fait partie de ses routines (si importantes et rassurantes pour lui).
Au début, il était calme et ne faisait aucun bruit. Je ne l’entendais même pas se lever !
Mais depuis plusieurs semaines, il est tellement bruyant ! Je me réveille en sursaut chaque matin !

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Ce sont parfois des cris de frustration car il n’arrive pas à faire quelque chose : il s’énerve d’avoir renversé du lait à côté du bol, il s’agace de ne pas réussir à brancher le câble de sa Lunii (boîte à histoires).
L’intolérance à l’échec… vous connaissez avec votre enfant neuroatypique ?
Ou bien ce sont des cris d’excitation car l’histoire qu’il écoute génère une sorte d’euphorie chez lui.
Et puis, il laisse la lumière de sa chambre allumée et fait du bruit en descendant les escaliers…
Bref tous ces bruits me réveillent en sursaut. Et ça me tord littéralement le ventre de me réveiller dans ces conditions… moi qui ai toujours du mal à émerger du sommeil.
Le matin, j’ai besoin de calme.
C’est important pour moi.
Donc voilà plusieurs semaines que ces réveils brutaux me heurtent. Je suis de mauvaise humeur et irritable. Ça crée chez moi des réactions épidermiques que je ne contrôle pas.

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Évidemment, j’ai essayé plein de fois de lui en parler… mais à chaud donc dans l’agacement le plus total. Je le blâmais !
Il recevait cette “accusation” de ma part, ce qui l’empêchait de recevoir le fond du message. En m’adressant ainsi à lui, j’actionnais son cerveau émotionnel.
Il faut savoir que c’est ce cerveau émotionnel qui décide s’il passe (ou non) l’information au néocortex, qui est le cerveau de la raison, de la réflexion.
En l’occurrence, étant en mode alerte rouge, son cerveau émotionnel n’a pas passé le message au neocortex !
De fait, ça n’avait aucun effet sur mes réveils… toujours aussi difficiles.
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Il m’a fallu plusieurs semaines pour trouver la solution !
J’ai pris du recul pour comprendre que je devais agir autrement pour obtenir un changement. J’ai réfléchi à froid.
Un matin, après un réveil encore brutal, je me suis levée en me parlant à moi-même :
“Il ne fait pas exprès,
il ne fait pas exprès,
il ne fait pas exprès”.
Me le répéter plusieurs fois m’a permis de m’apaiser.
J’ai aussi respiré profondément.
Qu’est-ce que ça change de respirer ? J’étais sceptique avant mais je vous assure que ça aide car ça nous incite à faire un temps de pause et de ne pas être dans une réaction incontrôlée à chaud.

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Je suis descendue, je lui ai dit bonjour. Je me suis mise à sa hauteur en le regardant et voici ce que je lui ai dit avec doucement :
“Tu sais, le matin j’ai mal dans le ventre quand j’entends des gros bruits, des cris, et que je vois la lumière dans le couloir. Ça me fait vraiment mal ici dans le ventre (j’accompagne avec la gestuelle pour qu’il visualise).
C’est très difficile pour moi de me réveiller en sursaut.
Est-ce que tu pourrais penser à 3 choses le matin :
1/ Éteindre la lumière de ta chambre avant de descendre.
2/ Descendre les escaliers sur la pointe des pieds.
3/ Si tu veux crier, crie dans un coussin pour que je n’entende pas.
Tu penses que tu y arriveras demain matin à te rappeler ces 3 choses ? Moi je crois que oui.”
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Ça, c’était il y a 2 semaines.
Depuis, je me réveille en douceur 🙂

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Les 5 choses à retenir de cette histoire :
1/ Dire “je” :
J’ai exprimé MON besoin, MON ressenti (”C’est difficile pour moi”). Sans l’accuser lui. De fait, son cerveau émotionnel a passé l’information au néocortex.
2/ Proposer une solution claire
Une solution en 3 points. Facile à retenir ! Un bon moyen mnémotechnique.
Ici aussi la gestuelle a son rôle pour l’aider à assimiler le message en montrant les 3 points sur mes doigts : « chaque matin, 3 choses à penser ».
(J’aurais pu aussi l’aider en affichant ces 3 images ou pictogrammes sur la porte de sa chambre.)
3/ Faire un pacte et croire en lui
Je lui ai demandé s’il était d’accord pour essayer, s’il pensait qu’il y arriverait. Et je lui ai dit que moi je croyais en lui.
4/ Valoriser ses efforts
Les parents qui suivent mon programme en ligne “Un quotidien sereine avec votre enfant TDAH » le savent : j’ai pris soin de valoriser les efforts de mon garçon !
Presque chaque matin depuis, je le remercie. Je lui montre que j’ai bien remarqué ses efforts et que ça compte pour moi.
5/ Et le dernier enseignement
Retenez surtout que l’on peut toutes se tromper (parfois des semaines, des mois, des années…) mais que ça ne fait pas de nous de mauvaises mamans, juste des mamans en quête d’apaisement.
On apprend sur le terrain ce rôle de maman qui est si beau et si challengeant, surtout avec un enfant neuroatypique (TDAH, HPI, etc.).
Je vous embrasse,
Cyrielle
Horizons famille